Les Églises Chrétiennes de Dieu

[239]

 

 

 

Pourquoi la Pâque Était-Elle si Tardive en 1997 ? [239]

 

(Édition 1.0 19980217-19980217)

 

 

 

Cet article a été publié dans le Jewish Bible Quarterly, Volume 25, No. 1, 1997, et est reproduit avec la permission. La Jewish Bible Association maintient un site Web à http://www.jewishbible.org.

 

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Vol. 25, No. 1, 1997  JEWISH BIBLE QUARTERLY

POURQUOI PESSAH EST-ELLE SI TARDIVE CETTE ANNÉE ?

SAUL LEEMAN

(Saul Leeman est un rabbin à la retraite résidant à Providence, R.I.)

 

Observe le mois des aviv et offre un

sacrifice de la Pâque à l'Éternel, ton Dieu,

 

En lisant ce verset dans Deutéronome 16:1 avec la littérature rabbinique pertinente, on serait en droit de supposer que la Torah prévoyait que la fête devait se produire, comme c'est le plus souvent le cas, pendant le premier mois de la saison du printemps. Cette année (5757), cependant, ce n’est pas comme ça. Afin de bien comprendre le retard dans l'arrivée de notre fête du printemps, certaines questions doivent être posées :

 

Pourquoi Pessah est-elle si tardive cette année ?

 

Pessah est si tard cette année (22 avril), car il s'agit d'une année bissextile dans le calendrier juif avec un treizième mois intercalé. Dans chaque cycle de 19 ans, il y a 7 années bissextiles : la 3ème, 6ème, 8ème, 11ème, 14ème, 17ème, et 19ème.

 

Oui, je le sais. Mais au cours des 10 dernières années, il y a eu un certain nombre d'années bissextiles, et pourtant je ne me souviens d’aucune Pessah qui ait été aussi tard que celle-ci.

 

C'est parce que c'est la 19ème année du cycle, une année bissextile qui se produit seulement après un intervalle de deux ans après l'année bissextile précédente. La même chose est vraie (et plus encore) au sujet de la 8ème année du cycle. Il y a donc ces deux ans dans chaque cycle où Pessah est tard au printemps. En 1967 (une "8ème année") Pessah est tombée le 25 avril, le plus tard où elle s’est produite à ce jour.

 

Vous dites : "à ce jour". Est-ce que cela signifie que Pessah peut être même plus tard que le 25 avril ?

 

Oui, en effet - et c'est là le problème majeur du calendrier juif, c'est à dire, qu'il est basé sur un calcul de l'année solaire qui est inexact d'environ 6 minutes et demie. C'est cette imprécision qui déplace Pessah dans le sens de l'été au rythme de presque une journée entière tous les 200 ans, ce qui représente environ 4 jours et demi tous les 1000 ans. Cela signifie que dans environ 1.000 ans d'ici, Pessah sera célébrée aussi tard que le 1er mai et 8.000 ans plus tard, ce sera aussi tard que le 1er juin.

 

Cela peut-il être corrigé ?

 

Ceci ne peut être corrigé que par la réforme du calendrier basé sur un nouveau calcul de la structure du calendrier

 

Vous dites que la réforme du calendrier sera éventuellement nécessaire. Une telle chose s’est-elle déjà produite dans l'histoire récente ?

 

Oui, cela s’est produit. En 1582, le calendrier julien, qui avait été en vigueur depuis 46 avant notre ère, a été remplacé par le calendrier grégorien. Le calendrier julien, institué par Jules César, était basé sur un calcul qui comptait la longueur de l'année solaire de 365 jours et 6 heures, alors qu'en réalité elle est d'environ 11 minutes et quart plus courte.

 

Cette différence s’est accumulée jusqu’à une erreur d'environ 3 jours tous les 400 ans (ou 7½ jours tous les 1000 ans). En conséquence, arrivé au 16ème siècle, l'équinoxe vernal était rétrogradé au 11 mars. Pour lui redonner sa date exacte, le pape Grégoire XIII a déclaré que le jour suivant le 4 octobre ne serait pas le 5 octobre, mais le 15 octobre. Par cette déclaration, il a restauré l'équinoxe de printemps au 21 mars, date à laquelle il était en l'an 325 de notre ère lorsque le Concile de Nicée (afin de divorcer Easter/Pâques de Pessah) a décrété que la formule permettant d'établir la date de Easter/Pâques serait "le premier dimanche après la première pleine lune ou après l'équinoxe de printemps."

 

Notons que c'est son souci de la bonne date pour Easter/Pâques qui a motivé la réforme du calendrier du pape.

 

Après avoir éliminé l'erreur cumulée de 10 jours, le calendrier grégorien devait aussi s’assurer qu’aucune année de régression ne se reproduise. Ceci est accompli en décrétant que les années séculaires ne devraient pas être une année bissextile, sauf si elle est divisible par 400. En raison de cette disposition, les années 1700, 1800 et 1900 - années bissextiles dans le calendrier julien - n'étaient pas des années bissextiles dans le calendrier grégorien. La différence entre les deux est maintenant de 13 jours. En l'an 2100, la différence sera de 14 jours.

 

Mais la pratique religieuse juive n'a aucun lien avec le calendrier solaire. Les observances juives ne sont-elles pas toutes basées sur le calendrier lunaire ?

 

Pas tout à fait. Il y a deux observances qui sont liées au calendrier solaire. L'une d'elles est tal umatar, la prière pour la rosée et la pluie. Le Talmud appelle à ce que la récitation de cette prière commence 60 jours après l'équinoxe d'automne et se poursuit jusqu'à Pessah. Le livre de prières, cependant, fixe le jour de tal umatar le 5 décembre -- 73 jours après l'équinoxe (23 septembre). Cet écart de 13 jours est la différence entre le calendrier julien et le calendrier grégorien, et cet écart continue de croître à raison de 7 jours et demi tous les 1000 ans.

 

Avec le jour tal umatar se déplaçant dans le sens de Pessah au taux de 7 jours et demi tous les 1000 ans, l'ancien finira par dépasser celui-ci dans environ 35.000 ans. Bien avant cela, cependant, la date de Pessah devra être réglée, et donc le problème de tal umatar aussi, trouvera sa solution.

 

En Israël, il y a beaucoup moins "d’alarme" au sujet de ce problème, car en Terre Sainte la saison tal umatar commence dans la première semaine de Heshvan et n'est pas directement liée au calendrier solaire du tout (voir Bab. Talmud, Taanit 10a).

 

Vous avez dit qu'il y avait "deux observances" liées au calendrier solaire. Quelle est l'autre ?

 

L'autre est Birkat ha-Hammah - la Bénédiction du Soleil, une bénédiction récitée à l'occasion de l'équinoxe de printemps une fois tous les 28 ans alors que, selon les traditions, la terre retourne à la même position par rapport au soleil qu'elle occupait au moment de la Création. Elle est toujours récitée un mercredi (le jour où le soleil a été créé). Sa récitation plus récente s'est déroulée le 8 avril, 1981 ; son occurrence suivante sera le 8 avril, 2009. Que cela soit astronomiquement vide de sens nous a particulièrement impressionné quand la Bénédiction du Soleil a eu lieu le 8 avril, 1953 quand nous "célébrions alors l'équinoxe de printemps et inaugurions le printemps" - le 23 de Nisan, huit jours après l'avènement de Pessah !

 

Lorsque la réforme du calendrier nécessaire sera accomplie, Birkat ha-Hammah également se mettra en place. La "réforme" va sûrement s’assurer à ce que Pessah tombe toujours à la première pleine lune du printemps (pas la deuxième pleine lune, comme c'est le cas cette année) et Birkat ha-Hammah sera ajusté pour arriver le premier Mercredi du Printemps.

 

Quand notre calendrier juif actuel a-t-il été institué et par qui ?

 

Le calendrier juif, tel que nous le connaissons aujourd'hui, a été institué par le patriarche Hillel II, vers 359 EC.

 

Pourquoi est-il basé sur un cycle de 19 ans ?

 

Parce que la formule de base du calendrier juif suit 19 années solaires = 235 mois lunaires (19 années lunaires ordinaires + sept mois lunaires supplémentaires). Les Grecs appelaient cela le Cycle de Méton.

 

Est-ce à dire que tous les 19 ans la date civile (grégorienne) et la "date juive" coïncident ?

 

Oui, tous les 19 ans elles coïncident exactement ou bien dévient d'un jour.

 

Combien de jours y a-t-il dans le calendrier juif ?

 

Cela varie. Dans une année ordinaire (année non bissextile) il y a 353 jours (anormale), 354 jours (normale) ou 355 (excessive). De même, dans une année bissextile, il y a 383, 384, ou 385 jours.

 

Quelle est la raison ?

 

La raison est religieuse. La base [lo 'adu rosh] est que Roch Hachana ne doit pas tomber un dimanche, mercredi ou vendredi. Si Roch Hachana tombe un mercredi ou un vendredi, Yom Kippour précèderait ou suivrait le jour du Sabbat, entraînant une situation qui impliquerait des difficultés dans son observance. Si Roch Hachana tombe un dimanche, Hoshanah Rabbah tomberait le jour du Sabbat et demanderait la suppression de certains rituels auxquels les rabbins pharisiens ne voulaient pas renoncer.

 

Par conséquent, une flexibilité intégrée était nécessaire selon laquelle, si Roch Hachana devait tomber un de ces trois jours, il serait reporté à la journée suivante.

 

Ainsi, dans une année normale (354 jours), les mois alternent entre 30 et 29 jours. Dans une année anormale (353 jours), les mois de Hechvan et Kislev ont chacun 29 jours. Dans une année excessive (355 jours), Hechvan et Kislev ont chacun 30 jours.

 

Quelle était la procédure avant que le patriarche Hillel II institue le présent calendrier juif fixe ?

 

Avant cette date, nous avions un calendrier "vivant" non fixé. La nouvelle lune était déterminée par l'observation. Des témoins venaient à Jérusalem pour témoigner qu'ils l’avaient vue. Si, après l'interrogatoire, le Beth Din était convaincu de la validité de leur témoignage, la Nouvelle Lune était sanctifiée, et Roch Hodech était déclarée. Le Beth Din ne s’assoyait avec empressement pour recevoir les témoins que le "jour numéro 30" du mois sortant afin de déterminer si ce jour-là devait être déclaré comme "jour numéro un" du mois entrant. Si une telle détermination n’était pas faite ce jour-là, le lendemain automatiquement (avec ou sans témoins) devenait Rosh Hodech, parce que le mois se compose de pas moins de 29 ni plus de 30 jours. (Voir Michna Roch Hachana, chapitres 1-2).

 

Une fois que la Nouvelle Lune était sanctifiée, les nouvelles étaient ensuite proclamées sur toute la longueur et la largeur de la Terre Sainte.

 

Qu'en est-il des Juifs en dehors de la Terre Sainte ? Comment le message leur était-il transmis ?

 

C'est une bonne question. Souvent, en raison des difficultés de communication, le message n’arrivait pas à temps, et ceci poussait les Juifs en dehors de la Palestine dans un dilemme religieux sérieux. Par exemple, quand le temps était venu d’observer Pessah, ils ont dû se demander si le mois précédent consistait en 29 ou 30 jours. Si 29, alors Pessah était à une certaine date, si 30, Pessah serait le lendemain. Que faire ? Pour résoudre ce dilemme, ils ont décidé de "jouer la sécurité" et d'observer le Yom Tov les deux jours. La même chose est vraie pour Shavuoth et Sukkoth. Par conséquent, nous les Juifs de la Diaspora (à l'exception de nos frères de la Réforme) avons cinq jours yom tov de plus par an que les Juifs d'Israël.

 

Qu'en est-il de Roch Hachana ?

 

Roch Hachana est observée pendant deux jours en Israël aussi.

 

Voilà pour la procédure de la Nouvelle Lune avant que le calendrier ait été fixé. Maintenant, dites-moi comment les années bissextiles étaient-elles déterminées avant le calendrier fixe ?

 

Là aussi, il s'agissait d'une situation de vie où les rabbins délibéraient avant de déclarer le mois de Nisan pour considérer si oui ou non les signes du printemps sont arrivés (fin de saison des pluies, la maturation du grain, des considérations d'équinoxe, etc.) Si le printemps semblait être retardé, alors un second Adar était intercalé et l'année devenait une année bissextile (Voir Bab. Talmud Sanhédrin 11 a et b).

 

Pourquoi était-il apparu nécessaire d'introduire le calendrier fixe ?

 

Parce que le patriarcat en Terre Sainte ne jouissait plus de sa position de primauté et parce que le gouvernement romain a restreint la liberté du Sanhédrin pour agir dans ces domaines.

 

Le calendrier juif ne semble pas être ni lunaire ou solaire. Comment l’appelleriez-vous ?

 

C'est un calendrier luni-solaire, les mois étant comptés d’après la lune et l'année d'après le soleil.

 

Vous avez déjà indiqué que son calcul de l'année solaire dévie d'environ 6 minutes et demie de la véritable année astronomique. Qu'en est-il de son calcul du mois lunaire ?

 

Ici, il est aussi exact qu'il peut l'être. Le calendrier juif calcule le mois à 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 3,33 secondes - un écart par rapport au vrai mois astronomique de moins de la moitié d'une seconde.

 

Pour en revenir à ce que vous avez qualifié de "problème majeur" du calendrier juif - combien de temps cela prendra avant que Pessah n’arrive le 21 juin et ne sera, par conséquent, plus au printemps ?

 

Environ 12.500 ans.

 

N'est-il pas, alors, trop tôt pour s'inquiéter de la réforme du calendrier ?

 

Eh bien, ce n'est certainement pas trop tôt pour y penser.

 

Comment cette réforme du calendrier s’effectuera-telle ?

 

Il existe deux manières : l'une est naturelle, l'autre est surnaturelle. Dans un cas, il y aurait un synode à travers le monde représentant toutes les factions de la communauté juive qui arriveraient à un accord quant à la façon et le moment de réviser le calendrier. Dans l'autre cas, Élie va venir pour régler la question pour nous.

 

Je note que vous ne spécifiez pas quelle solution vous considérez comme naturelle et laquelle est surnaturelle. Mais, à votre avis, laquelle de ces deux éventualités est plus susceptible de se produire ?

 

Nous devrons simplement attendre et voir.

 

 

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